Domaine Berthoumieu certifié bio
- Sébastien Hiribarren Gorrochategui

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Claire et Marion Bortolussi hissent haut l’étendard du Domaine Berthoumieu fortes de leur prestigieuse conversion en Agriculture Biologique certifiée par Bureau Veritas. (Texte de Léon Mazzella)

Les Bortolussi, c’est l’histoire d’une famille originaire du nord de la Botte italienne qui s’est établie au début des années 1930 dans le Sud-Ouest et qui a prospéré dans le monde du vin. Alain Bortolussi, 64 ans, dirigeait le château Viella, à Viella dans le Gers, 25ha plantés, à la suite de son père Paul et de son grand-père Pierre, lorsque Lionel Osmin eu vent, en 2017, de la mise en vente du voisin de Viella sis à 1,5 km à peine, le Domaine Berthoumieu, 25ha plantés de vignes également, propriété de la famille Barré, car celle-ci n’avait pas de repreneurs en son sein, après Marie-Line et Didier. La 6e génération tombait donc en panne.
Lionel en parle à Alain, qui ne réfléchira pas très longtemps. C’était le bon moment. Passer la main chatouillait aussi l’esprit du vigneron de Viella, et ses deux filles, Claire et Marion (la 4e génération) parties prendre l’air par le monde, poussées par leurs parents, étaient sur le point de revenir au bercail, fortes de leur bagage universitaire et de leur expérience. Claire, 34 ans, a fait des études de Relations internationales à Toulouse, son Erasmus en Grèce et a été en poste en Inde et en Serbie. Marion, 30 ans, a étudié la biologie végétale, possède un BTS d’œnologie, et a travaillé en Italie. C’est alors que l’idée de reprendre toutes les deux les rênes de l’entreprise familiale voit le jour.
Alain Bortolussi rachète donc Berthoumieu : la maison d’habitation, les chais, le vignoble, les filles vont s’occuper de la production, de la vinification, aidées par Damiens Sartori, l’œnologue de Lionel Osmin & Cie pour l’élaboration des cuvées, tandis que Lionel Osmin & Cie assure la commercialisation des vins. Viella et Berthoumieu, c’est 160 000 bouteilles chacune. 90% en rouge pour Berthoumieu, et 20ha sur 25 plantés en rouge pour Viella. Les blancs sont des Pacherenc du Vic-Bilh.
À FOND POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Fort d’une reconnaissance enviable, celle de l’attribution du label Haute Valeur Environnementale de niveau 3 (le maximum), la fameuse HVE 3, laquelle repose sur des indicateurs de performance environnementale portant sur l’intégralité de l’exploitation, elles décident d’aller plus loin... "L’obtention de ce label permet d’attester que les éléments de biodiversité (haies, bandes enherbées, arbres, fleurs, insectes, oiseaux...) sont très largement présents sur la propriété, et que la pression des pratiques agricoles sur l’environnement (air, climat, eau, sol, biodiversité, paysages) est réduite au minimum", disent les documents du Domaine. "C’est le fruit d’un travail scrupuleux mené de longue date sur une parcelle test de 10 ha par mon père, lequel se souvient des souffrances – sur le plan de la santé – dans sa famille, dues à l’utilisation de produits chimiques", déclare Claire sans ambages. "Autrement dit ; ça n’est pas sorti d’un chapeau un beau matin, et cela ne correspond pas non plus au suivisme d’une mode", ajoute-t-elle.
Œuvrer en faveur d’un patrimoine vivant est donc le credo des Bortolussi : les domaines entament en 2020 une conversion en Agriculture Biologique. Celle-ci dure trois ans. La troisième année fut difficile à cause de la funeste apparition du mildiou un peu partout, et d’un printemps 2023 très pluvieux. Mais le résultat est là : la Certification en « A.B. » est acquise. La dernière vendange, du millésime 2023, que l’on dégustera en 2024, en portera le sceau sur les étiquettes des vins mousquetaires du domaine : les Madiran Constance – hommage à la dulcinée de d’Artagnan, Charles de Batz – du nom de celui qui inspira le personnage de d’Artagnan, et La Fé (La Foi), ainsi que le Madiran Aulet. Claire et Marion en sont très fières, car, "malgré une appropriation climatique compliquée, nous avons effectué un gros travail, avec notamment l’association gersoise Arbres & Paysages, sur les plans d’eau, les haies, et Marion continue de bosser la partie biodiversité, elle avale beaucoup de bouquins sur le sujet.
Nous nous inscrivons totalement dans une démarche de développement durable, et cette expression veut vraiment dire quelque chose, à Berthoumieu", précise Claire. Les problèmes générés par le mildiou ont fait réfléchir, voire déchanter nombre de vignerons convertis en "bio", notamment dans le Bordelais l’an passé, et soudain fragilisés, démunis face au fléau. Claire et Marion sont cependant sereines, et considèrent que 2023 fut et restera une année particulière, soit exceptionnelle dans le mauvais sens. "D’après les tas de carnets tenus depuis toujours par notre père, on a une seule trace, timide, de mildiou dans les années 70. Nous sommes plutôt dans une démarche de recherche de solutions, notamment avec des cépages résistants, au lieu de regretter, de refermer les portes et de nous mettre à pleurer", dit Claire. Une parole qui ne manque pas de panache, et qui fleure bon l’esprit Mousquetaire.





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